On peut rue de Varenne, à l'Arpège, partager des moments inouïs, des émotions indescriptibles, avec la complicité du Chef qui ce soir là était tout électrique, décidé à faire feu de tout bois, et après quelques belles émotions musicales, nous voici endraillés vers un sommet gourmand avec la pleine complicité de la cuisine (et de la sommellerie) de l'Arpège.
L'iconographie est limitée, l'émotion l'a emporté, la gourmandise aussi et à tout seigneur tout honneur, une fois n'est pas coutume, c'est à la sommellerie que l'on pourra ici donner la vedette, avec en ouverture, fait à point et juste pour être bu, un Château La Louvière 2003, épicé, droit et parfaitement fait, au bord de l'oxydation (pas de syndrome premox mais il était juste temps de le boire). Joli vin avec toute la part des poissons (bel accord avec l'aiguillette de sole au thé vert, et encore mieux avec l'aiguillette de homard au vin jaune et aux truffes)... l'ensemble faisait belle harmonique aussi avec le damier de coquilles St Jacques et Truffe noire, puis avec la St Jacques à l'unilatérale, servie dans sa coquille. Une entrée en matière de haut vol, toutes voiles dehors, pour préparer l'arrivée des viandes et de la vedette...
Château Ausone 1971. Autant dire un monument absolu. Un des plus grands Bordeaux dont on puisse rêver. Un des instants les plus fous qui soient, avec un vin encore jeune, ferme d'attaque, encore tout de fraîcheur, et qui chaque cinq minutes change dans le verre, tabac, cuir (un peu mais pas trop), et au fil du temps, fruits exotiques, Noix de Coco, cèdre et même Gardenia. Un vin qui marquera les quelques heureux élus qui l'auront partagé. Et pour l'accompagner, non seulement une tourte lapin-truffe noire, mais aussi le formidable pigeon au Thé rouge et poivre de Sichuan... un peu de Comté-Truffes... le tour est joué et ce repas sera de ceux qui comptent. Un flacon absolument exceptionnel. Une soirée merveilleuse !