7 sept. 2020

FREDERIC ANTON AU JULES VERNE

 Une des plus belles vues de Paris, peut-être la plus belle, depuis le Jules Verne, sis dans le pilier Sud de la Tour Eiffel, entre second et troisième étage; accueil at service parfaits, sommellerie complice, temps superbe, un instant qui s'annonce magique et gourmand. Quelques bulles pour démarrer, puis un joli Saint-Joseph signé Gripa, et quelques belles assiettes d'un menu en cinq services, bien calé, et même disposé à accepter quelque aménagement pour satisfaire pleinement l'hôte d'un déjeuner... et remplacer l'agneau rôti par un magret de canard aux épices. "Table avec vue"... what else... ?


Exit l'ambiance sombre du Jules Vernes, on a tout reconsidéré (y compris l'architecture d'intérieur qui permet aujourd'hui beaucoup plus de tables "avec vue" qu'autrefois, l'atmosphère n'est plus écrasante mais aérienne, comme la cuisine de Frédéric Anton, tout à fait conforme au talent du Chef, para Robuchonienne, sans vraie surprise, c'est peut-être le reproche... tout est un tantinet tourné vers la magie du lieu, de Paris... comme une expérience "one shot", et tout compte-fait, même si l'on a bien mangé, pas de magie dans l'assiette, et au fond, on ne reviendra pas tout de suite... bien conscients que tout est mis en forme de façon bien construite mais probablement figée, sans liberté aucune en cuisine...


Le crabe, caviar et citron vert est évidemment gourmand, un peu court... mais vraiment bon. tourteau effiloché, lié d'une sauve mayonnaise au curry et surmonté de caviar, pas sorcier mais efficace.


L'artichaut, poivrade à la Romaine est très gourmand, là encore, on a comme une impression de "trop peu", mais c'est bon, très bon (peut-être le meilleur plat de ce déjeuner) et savamment mis en scène (avec une barigoule au curry doux très très gourmande).



Le cabillaud est d'une cuisson absolument parfaite (genre d'exploit), nacré, jus aux épices, coriandre fraîche et ail frit. Là encore, efficace et savoureux. 



Le magret de canard rôti aux épices, flanqué d'une quenelle "petits pois" est également délicat, joliiment cuit, un peu plus qu'annoncé (pas tout à fait rosé) mais on ne boude pas son plaisir, accompagné d'une crème aux graines de moutarde et à la réglisse. Bon, vraiment.


Et le dessert au chocolat, sorbet au grué de cacao amer et soufflé chaud au chocolat, une belle réussite (qui fait la part belle à quelques grains de fleur de sel savamment associés à ce soufflé mousseux, délicieux). Mignardises et café... 


Pas tromperie sur la marchandise, une étoile au guide rouge, méritée mais rien de plus... et malheureusement il semble que l'addition culmine au niveau d'un deux étoiles Parisien... que ce repas un peu frustrant au bout du compte ne justifie pas pleinement. Non, çà n'emporte pas la conviction sinon la magie du lieu et l'architecture de la dame de Fer, omniprésenjte pour le plus grand bonheur des convives qui sont plus occupés à mitrailler au fond... qu'à manger...