L'occasion était vraiment belle... Yannick Alléno qui avait été à l'époque du Scribe puis du Meurice un des Chefs les plus prometteurs avait traversé une période un peu plus floue ces quelques dernières années et reprenait place (et ses trois macarons au guide rouge... directement...) au Pavillon Ledoyen, succédant à Christian Le Squer qui à la manière du Mercato Footballistique était, lui, transféré au George V mais curieusement, perdait une étoile dans la foulée (allez y comprendre quelque chose...)... On espérait donc quelque chose de tellurique, à grands coups de comm' et en avançant avec un bateau amiral frappé au sceau des extractions... dont le concept interpelle sans pour autant convaincre tout à fait (le verre d'extraction salée et un brin vinaigrée servi avec la poulette en deux services n'a pas vraiment convaincu)...
Tout démarre par d'intéressantes bouchées présentées sur un fond chromatique discutable à mi chemin entre l'éponge vert-fluo et le pain de mie rassis (impropre à la consommation dit on)... on retiendra en entrée plus que la burrata sur une gelée de tomates... le foie gras de canard rôti, mélasse de grenade, raisins et cerises semi-confits et tuiles aux cacahuètes... rien ici qui suscite une admiration sans limite pas plus que le pain de brochet qui n'offre pas grand intérêt (en fait, pas du tout...)
A suivre un excellent Wagyu Beef de grade 4, ferré au sautoir, servi avec des pommes de terre de Noirmoutiers, tapées au lait frit et condiments iodés... la technique de cuisson de ce boeuf splendide est parfaitement maîtrisée et c'est suffisamment rare (et même exceptionnel) pour que çà mérite d'être souligné sans réserve au chapitre des éloges... la poulette en deux services est parfaitement exécutée, dans un style d'un parfait classicisme (avec le fameux godet d'extractions de champignons concentrés, et vinaigre... pas franchement évident -litote).
Au chapitre des desserts, une très belle bogue coco mais surtout un dessert aux chocolats, alliant des textures variées du croquant au moëlleux, et différentes puissances chocolatées... la glace vanille malheureusement n'était pas à la hauteur...
Une carte des vins assez difficile (beaucoup de vins jeunes et des coefficients multiplicateurs inacceptables)... on trouvera toutefois un joli flacon de St Joseph Chave 2011 qui après carafage offrira beaucoup de satisfactions... La sommellerie est souriante mais absolument pas contributive...
Une expérience gourmande en demi-teinte donc... si l'occasion suffisait à faire de ce moment une soirée inoubliable, l'assiette en revanche ne saurait se placer à hauteur de trois étoiles même si le Chef a paisiblement passé la soirée assis à la table derrière nous, où dinait Eric Fréchon en gente compagnie... Yannick Alléno n'aura pas cependant manqué le tour de piste consistant à saluer et remercier hâtivement chaque table... Après discussion... deux étoiles sembleraient justifiées... mais trois, certainement pas.