11 avr. 2020

CLOS DE VOUGEOT 2008 - DOMAINE MORTET




Le climat du Clos de Vougeot fait l'objet de joutes entre experts, de considérations passionnelles d'analyse assez délicate... Sans doute le moins consensuel de tous les climats de la Côte de Nuit... Le sous-sol déjà y est très hétérogène, depuis la partie haute du clos, véritable dalle calcaire, jusqu'à à la partie basse, de marnes de Bresse séparées par une partie moyenne, toute faillée, de structure complexe... et tout en bas, presque gravelle, un presque caniveau... quelques ouvrées encore... Et des vins au fond très hétérogènes, du fait d'une part du sous-sol et d'autre part de l'inspiration du viticulteur (ils sont plus de quatre-vingt à se partager l'appellation). Autant dire que travailler le terroir du Clos de Vougeot n'apparaît pas chose simple... et les vins résultants, qui ont l'appellation Grand-Cru sont ainsi les plus controversés de la Côte de Nuit... de grands amateurs de vins de Bourgogne, Bourguignons même, Chevalier du Tastevin de plus (donc intronisé en son temps au Château même du Clos de Vougeot) n'hésitent pas à déclarer sans discussion qu'ils "n'aiment pas ce climat"... c'est un peu court, c'est trop le  résumer, c'est céder à la caricature... et peut-être faudra-t-il à l'avenir que l'on se penche sur deux points clés qui rendent compte de ces commentaires critiques et passionnels : le très grand nombre de viticulteurs intervenant sur le clos (fort de 50 Ha) et la très grande hétérogénéïté de son sous-sol  qui pourraît justifier des appellations singulières et peut-être aussi la requalification de certaines parcelles en 1er cru voire en appellation "village"... 

Week-End Pascal - Remontée de cave
Le week-end étant un instant propice à la gourmandise, confiants en la belle main d'Arnaud Mortet qui sait tirer "du fond du caniveau" des vins époustouflants, nous aurons donc remonté de cave, pour ce week end Pascal et pour accompagner un monumental faux-filet de chez Hugo Desnoyer, un flacon de Clos de Vougeot 2008. A l'ouverture, la robe est d'un rouge profond, d'une impressionnante densité, le nez est encore fermé, dominé par la cerise, puis vient le cassis... et bien que ce soit a priori contre mes principes oenologiques (sauf exception) il semble ici utile de décanter ce vin qui apparaît déjà comme imposant, froid et dominateur façon "Duc de Bourgogne", sans concession et qui si nous souhaitons qu'il s'exprime, a besoin de respirer, franchement, donc décanté, oxygéné (simple décantation mais "sans trop de précaution"... pour oxygéner raisonnablement ce Seigneur)...

Seigneur de Bourgogne

Pendant ce temps, quelques gouttes de Scotch, préparation de la viande du soir... Sirloin juste exceptionnel (merci Hugo), juste cuisson (quelques minutes sur chaque face après les avoir marquées, directement sur la plancha à peine huilée)... et l'on passe à l'acte...


Oui ! dans l'intervalle, le Clos de Vougeot s'est ouvert, bien ouvert, avec la retenue et la hauteur qui le caractérisent, oui... Vin des Ducs de Bourgogne, à l'esprit froid, dominateur, ample et puissant, formidablement équilibré... le fruit s'exprime à présent, avec noblesse, cerise et cassis sont toujours au premier plan, puis myrtille enfin... une impressionnante persistance, et tout au long du repas il continuera de s'ouvrir, sans compromis jamais, toujours avec cette hauteur presque austère qui caractérise ce climat deBourgogne.  Cette appellation est vraiment très difficile à exprimer, et rares sont effectivement viticulteurs qui réussissent les Clos de Vougeot justifiant pleinement leur appellation de Grand-Cru, mais ici pas de discussion possible, n'en déplaise à ses détracteurs. Un monument, d'une stature hénaurme, et qui a devant lui encore bien des années pour achever de s'exprimer. Bravo Arnaud d'avoir fait ainsi s'exprimer dans toute sa plénitude le terroir du Clos de Vougeot d'en bas... "tout en bas, tout au Nord, presque dans le caniveau..." Quelle main !