Une adresse formidable, au centre de SEATTLE, un petit restaurant (une quarantaine de couverts), conçu autour d'un bar - cuisine, dans une ambiance americano-transalpine... un service complice, chaleureux, attentionné et gourmand... wine minded too... un repas spectaculaire, menu du jour... longue déclinaison d'inspiration résolument transalpine, à peine revisité "WestCoast"... le complice du jour, un éminent confrère Tokyoïte conclura à un menu "American-Italian-Kaiseki" ce qui définit assez bien ce repas qui s'organise autour de trois petites heures de gourmandise... joyeusement et consciencieusement arrosées... ce qui explique probablement (en concurrence avec le jetlag) la céphalée tenace du lendemain matin...
Bien arrosé, au démarrage d'un Prosecco splendide (une fois n'est pas coutume), Bizol Cartizze Glera... deux verres généreux permettent de démarrer en fanfare ce long menu dégustation par ce que le Chef appelle "Stuzzichini"... pomme fenouil et cardamome (petit shot destiné à stimuler les papilles) et en avant !... Thon Albacore sur un sponge-cake betterave, fondant et savoureux... oui, savories, c'est ainsi que l'on dénommait autrefois ces mises en bouche... esturgeon fumé, sabayon, caviar osciètre et fondue de poireaux (tuerie), croquants au parmesan, jaune d’œuf et tartare de bœuf... fougasse, pomme de terre fermentée œufs de saumon... cannoli aux oursins... foie gras, fenouil et campari (délicieusement bitter..)... petites merveilles, miniatures gourmandes, sans timidité aucune, directement dans le vif du sujet...
Moules en deux façons à suivre, en bouchée, entourée de prosciutto crudo, et aux cèpes, dans une Royale de champignons... formidable démarrage des "plats"... et l'on n'en a pas fini tandis que l'on passe paisiblement à la bouteille de Nebbiolo 2005 décantée une bonne demi-heure auparavant...Le Piane Boca 2005 que nous pourrons comparer avec 2007 par un verre complice qui fera son apparition sur table... plus avant dans le repas. Une très belle bouteille, à pleine maturité. ..
A suivre un risotto aux cèpes, et de petits croquants (délicieux, faits minute) et fleurs de Myrtilles... simple, délicat, parfaitement tourné... pas très photogénique (le risotto) mais tellement bon... pour un rien, à cet instant on le trouverait presque chiche... quand arrivent les agnolotti de faisan... merveilleusement recouverts de truffe blanche d'Alba (et généreusement... comme jamais... un vrai régal. Ode à la gourmandise)... et un verre de vin blanc de faire son apparition... quelque chose d'assez improbable et de tout à fait bien vu Mathiasson [Ribolla Vialla] (Napa Valley) 2015... élégant et parfaitement équilibré
Trou Normand (et dire que l'on se croyait tirés d'affaire)... sorbet raisin, granité d'herbes et lime... rafraîchissant, délicieux, acidularité parfaitement maîtrisée... et voici qu'arrive le canard sauvage, maturé, cuit à basse température, d'une texture délicate, soyeuse... quelques racines et quelques griottes... un beau plat, tout gourmandise...
Ah ... sonne l'heure du fromage... gorgonzola délicatement mis en sandwich entre deux tranches de poire séchée... le genre de sandwich que l'on reprendrait bien... en repasse... (à la façon de certain Bao...) mais non... le canard n'avait pas tout dit... Coeur de Canard, Matsutake grillés sur des branches de pins... avec un consommé de canard... au poivre noir... une absolue tuerie !!!
Cette fois on touche à la fin du repas... pomme pochée, caramel bourbon et semi-freddo sur une crumble... et affogato revisité (au chocolat)... flanqué d'un baba au rhum... accompagnés de Poggio Salvi di Chianti, un délicat liquoreux transalpin, 2003... grand repas, grand moment, beaux vins, un restaurant justement double étoilé au guide rouge, plein galon !