Comme un mythe, ce restaurant à l'angle du boulevard Raspail et de la rue Campagne Première nous fait de l'œil depuis des décennies... à la fin des années 70, au siècle dernier, comme un des meilleurs restaurants Parisiens, déclinant pour l'essentiel des produits de la mer, mis en scène et cuisinés par les frères Minchelli... combien de fois sommes nous passés devant en nous disant "un jour"... peut-être, et depuis, nous en avons visité, essayé, fréquenté quelques uns, de restaurants, des beaux, des bons, d'aucuns très axés aussi sur les poissons et crustacés quand à l'époque il n'y avait pour seule concurrence que "Les Arêtes", boulevard du Montparnasse où nous avions eu la chance d'être invités, et dont les additions pharaoniques nous interdisaient d'escompter à court terme les fréquenter, que dire alors du Mythique "Duc"... Puis les frères Minchelli se sont diversifiés, l'un d'entre eux est parti aux Seychelles me semble-t-il sans que l'on arrête pour autant de vanter l'établissement et la qualité de ses produits... à deux pas de Montparnasse, de surcroit, une belle clientèle... et même hier, Périco-Légasse et une autre grande table politico-journalistique... dans cet intérieur boisé reproduisant de façon un brin désuète l'intérieur d'un bateau, qui rappelle les décorations de restaurants de luxe de certaines stations balnéaires...
Voilà pour la mise en scène, les produits sont frais et bons (vraiment), les prix astronomiques si on les met en perspective de dressages foutraques, et d'uin service jeune et décomplexé conviendrait-il de dire... et nous n'avons pas été maltraités, mais rien ici qui évoque "une grande maison"... et avec de beaux produits, sans forcer sont talent on fait mieux à la maison. Prix de la déception, il aura fallu attendre presque un demi-siècle pour que le hasard d'une invitation nous fasse franchir le pas de la porte du Duc... Et si le moment fut bon, l'amitié étant au rendez vous et le vin, pas mal au fond, rien ici qui s'inspire du concept de gastronomie.
La pré-entrée n'inspire guère (tartare de Saint Jacques recouvert d'une sauce façon mayonnaise au curry)... et l'entrée évoque (sans l'égaler) le "petit tourteau tout décortiqué de Marius... une vague salade donc, un crabe décortiqué, de l'huile d'olive et un demi-citron. DIY en quelque sorte, évidemment bon mais sans émotion... pas plus que le homard poché, huile d'olive et citron... et voilà, le tour est joué... une salade d'oranges et pamplemousses (bonne)... rien sans doute ici qui mérite que l'on en parle...
Et l'on aura vu une belle sole passer pour un déjeuner solitaire non loin... et quelques autres fantaisies maritimes, mais rien de vraiment cuisiné, rien de vraiment dressé. Un sympathique restaurant de quartier mais honnêtement, l'annexe du poissonnier de l'avenue Mozart (le Chasse-Marée) fait mieux... vraiment. La fin d'un mythe donc, presque un restaurant que l'on dira Mytheux...